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JARDIN BOTANIQUE DU VAL D’YSER
   

Nouvelles du jardin

 

Lâcher de Rhinocéros dans le jardin.

Article d'avril 2022

Il n'a pas été nécessaire de convoquer un convoi exceptionnel pour transporter les animaux ! Ces « grosses bêtes » ont été récupérées dans un tas de copeaux de bois, dont elles se nourrissent. Mais les copeaux ayant été utilisés en paillage pour une jeune plantation d’arbres à Gravelines, nos rhinocéros se sont retrouvés à découvert. Nous en avons trouvé 2 (un couple ?) que nous avons relâchés dans le jardin, dans un autre tas de bois broyé.

Il s'agit de gros coléoptères aux mœurs très discrètes. L'Oryctes nasicornis est communément appelé rhinocéros en français car les mâles de cette espèce de gros scarabée portent une corne frontale, comparable au gros mammifère du même nom. Les larves se rencontrent dans le bois mort, les tas de sciure ou de copeaux… et les adultes ont une activité essentiellement nocturne. On les voit donc assez rarement, bien qu'ils soient présents un peu partout en France et en Europe continentale.

Oryctes nasicornis.
Oryctes nasicornis.


Processus de recolonisation végétale - Observation au Jardin Botanique du Val d'Yser.

Article de janvier 2022

Contexte historique : Création du Jardin Botanique du Val d'Yser

Le souhait de créer un jardin collectif existait depuis quelques années déjà, mais c'est en 1999 qu'une solution concrète s'est présentée. Nous avons pu bénéficier d'une parcelle jusque là à vocation agricole, après la cessation d'activité d'un agriculteur. L'association est née en février 2000.
Fin 1999, début 2000, nous avions donc une parcelle pour commencer à concrétiser notre rêve. La parcelle couvre une superficie de 26000 m2. Elle forme un trapèze presque carré.
Commencer un jardin à partir d'un champ présente des inconvénients : le terrain est vide, en plein vent, ne possède aucun volume ni structure, très peu de relief… Mais aussi des avantages : on peut l'aménager comme on veut, tout semble possible, et on peut observer l'évolution de la faune et de la flore…

Le sol.

Le terrain est situé à environ 17 m d'altitude en moyenne, à 2 km de l'Yser, sur le territoire de Bambecque. Le sol est constitué d'une trentaine de cm de limon recouvrant une épaisse couche d'argile. Le sol nu a une structure peu stable, avec une tendance à la battance. Les 2 parcelles d'origine étaient équipées de réseaux de drainage. Sur une partie du jardin, ce réseau n'était plus très efficace et le sol est souvent gorgé d'eau en hiver, sur l'autre partie, le réseau est plus récent et plus efficient. Les dernières cultures développées en 1999 étaient du blé. Après la récolte, le sol a été déchaumé. A partir de là, il était aisé et intéressant de suivre l'évolution et le processus de recolonisation.

Choix du mode cultural et d'entretien.

Il convient d'annoncer d'emblée que les plantations ont commencé dès le premier hiver :

  • Plantation d'une haie constituée d'essences régionales (environ 600 m plantée en 5 ans) ;
  • Plantation d'un brise-vent sur les faces ouest et nord-ouest, à base d'arbres locaux à croissance rapide, dont certains récupérés sur place (en 5 ans) ;
  • Petit à petit, plantation d'arbres, arbustes, herbacées de toutes origines, acclimatables sur ce terrain.
Les plantes sont installées selon leur usage (potager…). Les plantes ornementales sont placées de préférence dans la zone saisonnière qui leur correspond le mieux.
Dès la première année, une grande partie de la parcelle (qui n'avait pas encore accueilli de plantations) a été nivelée et semée de ray-grass (Lolium perenne). Le nivellement a pour but de faciliter l'entretien (tonte d'allées, fauchage hivernal).
Nous avons choisi d'adopter la technique de gestion différenciée (économe en temps, en main d'œuvre et en énergie). On tond les allées plusieurs fois dans l'année (au début, très peu) et le reste n'est fauché qu'une fois par an, pendant l'hiver, quand la nature est en repos.
Nous avons utilisé beaucoup de paillage autour des nouvelles plantations (herbe de tonte + feuilles, compostée ou fraiche, souvent importée), d'où apport de beaucoup de matières organiques. On exporte très peu (fruits et légumes = volume dérisoire, et un peu de coupe de bois depuis quelques années). Les produits de tailles, de tontes, de désherbage sont laissés sur place. Le bilan de matière organique est très positif, c'est-à-dire qu'on en a apporté beaucoup plus qu'on en a extrait. On amène aussi des cendres issues de poêles à bois, ainsi que du fumier pour le potager.

Les observations.

Dès le début, nous avons établi un inventaire le plus complet possible de tout ce qui pousse sur la parcelle, plantes indigènes et plantes introduites. En ce qui concerne la végétation spontanée, on constate une évolution rapide :

  • 1 ère année : dominance de plantes annuelles caractéristiques des cultures sarclées et repousses des cultures précédentes (beaucoup de blé, quelques pommes de terre et chicorée). Parmi les plantes annuelles : matricaire, chénopode blanc, renouée persicaire… pâturin annuel.
  • 2 ème année : les mêmes annuelles réapparaissent sur les parties cultivées, mais se raréfient dans les zones engazonnées. Ces zones se répartissent en 2 catégories : engazonnement naturel ou semis de ray- grass. La seule différence est la couverture apparente, mais peu dense, de ray-grass, car les graminées naturelles s'y mélangent assez vite, de même que d'autres vivaces, d'abord discrètes. La colonisation par les herbacées vivaces se fait essentiellement de 2 façons :
    • Par le vent, progression à partir des plantes présentes sur les bords de route à l'ouest du jardin : graminées, grande berce…
    • Par le vent, à partir de plantes pionnières plus lointaines : eupatoires, épilobes, cirses ...

    Très vite, ce sont les graminées qui dominent en termes d'occupation des sols, en terrain non boisé. Parmi les espèces annuelles présentes dès le début : Poa annua, Apera, Alopecurus, Avena fatua. Celles-ci disparaissent dès que le sol n'est plus travaillé (mais des graines restent présentes). Elles sont remplacées par des graminées vivaces : Holcus lanatus, Agropyron, puis Dactylis glomerata, Arrhenaterum elatior…, des Phalaris arundinacea au bord de la mare. Le ray-grass (Lolium perenne) semé au début a aujourd'hui quasiment disparu.
    On note aussi la présence de plantes indicatrices de milieux humides, comme des joncs.
  • Années suivantes : nous n'avons pas apporté de matières organiques sur les parties non plantées. Néanmoins, le fait de faucher et de laisser poser les matières végétales sur le sol contribue à l'enrichir en matière carbonée. Certaines plantes apportent de l'azote, telles que les légumineuses qui se sont installées dans la végétation herbacée (Viscia, Lathyrus…, Trifolium repens dans les parties tondues). Il y a aussi, dans une moindre mesure, les feuilles d'arbres apportées par le vent. Tout cela fait que le sol est de plus en plus riche, et les organismes du sol le rendent aéré et fertile. Apparaissent alors des zones couvertes de plantes vivaces hautes et vigoureuses formant des associations appelées « mégaphorbiaies ». Les graminées y deviennent minoritaires et quelques espèces de dicotylédones dominent : Eupatorium cannabinum, Epilobium hirsutum, Symphytum officinale, Sonchus arvense, Cirsium arvense, Heracleum spondyllium, Calystegia sepium, Artemisia vulgaris, Rumex sp.… Angelica sylvestris, Tanacetum vulgare, Leucanthemum vulgare sont également présentes, mais on peut avoir des doutes sur leur spontanéité… Le terrain peut être occupé plusieurs années par ce type de peuplement, mais au bout d'un moment apparaissent des orties, des ronces puis des arbustes : Salix sp. , Cornus sanguineus, Crataegus monogyna…

La colonisation par les arbres s'est faite parallèlement. Au tout début, ils sont discrets. Les saules étaient probablement présents dès la première année, mais ils ne mesurent alors que quelques centimètres. Beaucoup ont été supprimés, quelques uns conservés en place (différents taxons), car ils ont l'avantage de créer rapidement du volume dans le jardin, et quelques uns transplantés dans le brise-vent.

Processus naturel.

Les saules sont des arbres pionniers : les graines petites et légères, équipées de duvet, sont dispersées par le vent sur des kilomètres et investissent les espaces ouverts (zones de retrait des eaux, terrains vagues, sols remués, bords de fossés, mais aussi fissures de trottoirs…). La plupart des espèces fleurissent tôt au printemps et les fruits mûrissent quelques semaines plus tard, dispersant les graines au grès du vent. Celles-ci se posent et germent rapidement si les conditions, surtout d'humidité, sont favorables. Les jeunes plants sont déjà fertiles au bout de 4 ou 5 ans en moyenne. Ils poussent relativement vite et ont une durée de vie assez courte proportionnellement aux autres arbres.

Si rien n'avait fait sur ce terrain, nous aurions aujourd'hui une forêt de saules, avec quelques aulnes et des repousses d'arbres et arbustes divers en dessous (aubépines, ronces…), ainsi que des plantes de sous bois. L'ombre étant importante en été, les graminées et herbacées de milieux découverts auraient quasiment disparu. Comme les saules, les autres plantes pionnières sont amenées généralement par le vent. Toutes produisent énormément de graines minuscules, légères, à vie courte. Les plantes secondaires sont ensuite apportées par les animaux, notamment les oiseaux (aubépines, ronces, chênes…).

Beaucoup de graines arrivent sur la surface d'un terrain. Les espèces qui s'installent facilement sont, évidemment, celles qui sont le mieux adaptées au type de sol. On les qualifie d'espèces indicatrices, car elles permettent de qualifier un milieu (sol acide ou basique, riche ou pauvre, humide ou sec, lourd ou sableux…).

Bien sûr, ici, c'est un jardin, et ce processus a été amplement contrarié :

  • Nous avons introduit des plantes, y compris des plantes indigènes, qui n'étaient pas présentes mais qui, pour certaines, se sont ressemées sans problèmes (noisetiers, cornouillers, bourdaines, fusains…)
  • Nous avons limité l'invasion des saules et des ronces, ainsi que des repousses d'autres arbres par la suite.

Remarques :

  • Arbres introduits qui se ressèment : bouleau, aulne de Corse, érables sycomore et champêtre, noyer commun, châtaignier, sorbier des oiseaux, merisier, tilleul à grandes feuilles. Le chêne pédonculé, le frêne commun, l'aulne glutineux, l'aubépine monogyne étaient présents dans les environs et se seraient installés naturellement rapidement, même si nous n'en avions pas plantés.
  • Cas particulier : le peuplier tremble est un arbre pionnier, également propagé par le vent sur des grandes distances. Quelques sujets sont arrivés très vite. Cet arbre est très drageonnant : un sujet produit une multitude d'arbres. Difficile à éliminer.
  • Cohabitation difficile entre ces espèces indigènes et certaines espèces introduites (croissance beaucoup plus rapide, compétition pour les ressources en eau et nutriments…)
  • Il existe un stock important de graines dans le sol : lorsque le terrain subit un « accident » (travail du sol, taupinières…), les annuelles réapparaissent et renouvellent ce stock.
  • Le paillage avec de la matière organique a beaucoup d'avantages…, mais aussi des inconvénients (orties et plantes nitrophiles, rongeurs).
  • Il reste à élucider la question des organismes symbiotiques : des champignons symbiotiques vivent en association avec les arbres. Ils sont apparus quasiment en même temps. Sont-ils arrivés avec le vent, eux aussi ?
  • Nous établissons un inventaire le plus exhaustif possible des plantes sauvages et des plantes introduites. On pourrait y trouver une catégorie particulière constituée de plantes « clandestines », introduites involontairement avec du compost ou dans le substrat apporté avec d'autres plantes. Certaines ne subsistent pas longtemps, d'autres s'installent dans la durée (ex : Senecio jacobeae…). On pourrait parler aussi du cas des plantes invasives.

Conclusion :

Dans la plupart des régions du monde, les terrains sont recouverts de forêts (ou le seraient s'ils n'avaient pas été défrichés et convertis en terres agricoles, en villes, en déserts…). Le stade d'équilibre est appelé « climax », il peut se perpétuer pendant des millénaires. Lorsqu'un accident survient (accident climatique, incendie, coupe rase du fait de l'homme…), la forêt tente de reprendre sa place selon un processus de recolonisation basé sur le même principe, avec les espèces adaptées au climat et au terrain en question (cf. le film de Luc Jacquet « Il était une forêt »).

Dans nos régions à climat tempéré, assez humide et à sol riche, le processus peut être assez rapide et on peut raisonnablement penser que le climax se rétablit au bout de quelques décennies. Par exemple, ici à Bambecque, on a en 20 ans une forêt de saules dominée par des saules marsaults (Salix capraea) de 12 à 15 m de haut, accompagnées d'autres espèces de saules minoritaires, plus ou moins élevées et de quelques trembles de 16 à 18 m. En dessous grandissent déjà de jeunes chênes de 3 à 4 mètres de haut, frênes et autres arbres, sans parler de semis spontanés d'arbres introduits. Le stade final et stable (forêt climacique) qui achèverait cette évolution serait une chênaie à chêne pédonculé, en association avec des frênes et quelques autres arbres minoritaires, un peu comme dans la forêt de Nieppe.

Saule marsault âgé d'une vingtaine d'année. Celui-ci mesure environ 14 m de haut et de large.
Saule marsault âgé d'une vingtaine d'année.
Celui-ci mesure environ 14 m de haut et de large.


Vol au dessus d'un nid de Coucou

Article de janvier 2021

Début juin, une maman Coucou a découvert le petit nid d'une famille d'accenteurs mouchets, pourtant bien camouflé dans les arbustes, contenant 5 petits œufs bleus. Elle éjecte un œuf et le remplace par le sien.

L'accenteur couve alors 5 œufs, dont un qu'il a adopté probablement sans s'en être aperçu. Celui-ci éclot le premier. Dès sa naissance, le bébé coucou élimine les 4 œufs qui l'entourent et profite seul de la pitance que lui apportent ses parents adoptifs. Il grandit très vite et quitte le nid devenu beaucoup trop petit pour lui au bout d'une vingtaine de jours.

Il se cache alors dans les buissons environnants, mais nous l'avons perdu de vue. Il est certainement encore nourri pendant quelques jours, mais ne verra pas ses parents biologiques qui sont déjà repartis vers le sud.

En effet, les coucous gris sont des oiseaux migrateurs et ne sont présents chez nous que durant quelques semaines au printemps. Ils viennent ici pour confier (ou abandonner ?) leur progéniture aux bons soins d'autres petits passereaux et repartent avant même que les jeunes soient capables de les suivre. Ceux-ci trouveront pourtant par eux-mêmes la route migratoire à emprunter et reproduiront le même comportement, instinctivement, lorsqu'ils seront adultes. Mystère de la Nature !

Vous aurez compris que, par définition, un nid de coucou, ça n'existe pas !

Petit coucou âgé de 2 jours. Il a jeté hors du nid les œufs bleus de l'accenteur mouchet.
Petit coucou âgé de 2 jours.
Il a jeté hors du nid les œufs bleus de l'accenteur mouchet.
Le jeune coucou âgé de 18 jours, prêt à quitter le nid.
Le jeune coucou âgé de 18 jours, prêt à quitter le nid.


Poils à gratter et poisons ...

Article de janvier 2019

La dernière visite du jardin, lors des Portes ouvertes de septembre 2018, a été en partie orientée sur les plantes dangereuses (commentaires dans la zone « automne »). En effet, notre jardin, comme la plupart des espaces végétalisés renferme quelques espèces vénéneuses. Et plusieurs visiteurs ont été intrigués par le panonceau interdisant de toucher aux plantes. On se rend compte, lors de ces échanges avec le public, que les plantes sont victimes d'une grande méconnaissance. Notre rôle consiste aussi à vulgariser le monde complexe des végétaux et le sujet des risques liés à ces organismes en fait partie.

Le monde végétal est vaste et varié. Derrière cette évidence, on a l'habitude d'établir des classements souvent dictés par l'usage : plantes comestibles, ornementales, industrielles, mauvaises herbes… Pour un botaniste, cette sélection ne veut pas dire grand-chose, car elle ne tient pas compte des liens de parenté qui unissent les espèces, mais elle a le mérite d'être pratique. Par exemples, les plantes potagères, utilisées pour l'alimentation humaine, appartiennent à de nombreuses familles différentes. Il en est de même pour les plantes vénéneuses. Certaines familles comprennent à la fois des plantes comestibles et d'autres qui sont toxiques pour l'homme.

Il est impossible de réduire ce sujet à un article restreint ; il en faudrait plusieurs ouvrages. Nous ne ferons que l'aborder aujourd'hui. Mais commençons par préciser ce qui peut rendre une plante dangereuse pour nous.

De quels dangers parle-t-on et quels sont les effets ? En ce qui concerne les quelques espèces observées au jardin, plusieurs effets « indésirables » pourraient être constatés. Il faut peut-être rappeler d'emblée que les plantes mentionnées ici ont, presque toutes, été installées dans le parc intentionnellement, non pas pour empoisonner qui que ce soit, mais pour leur intérêt ornemental ou leurs particularités botaniques. Les effets, donc, sont de plusieurs ordres. Les premiers sont externes. Dans ce cas, la plante présente des composés chimiques qui provoquent une irritation de la peau. Cela peut aller d'un simple effet urticant, immédiat ou non, ayant pour conséquences des démangeaisons, à des brûlures graves. On ne parle pas ici des plantes pourvues d'épines ou d'aiguillons, à l'agressivité mécanique évidente (cactus, rosiers, chardons, etc.).

Les autres sont internes. Il s'agit alors de poisons qui agissent en cas d'ingestion et peuvent entrainer de simples dérèglements intestinaux ou la mort, avec un tas de situations intermédiaires : problèmes digestifs, hallucinations, problèmes cardiaques ou respiratoires, voire paralysie… Il existe d'autres cas de figure, mais qui ne concernent pas tellement nos cultures. On pense, par exemple, aux poisons qui agissent en « intramusculaires », tels les curares appliqués sur les flèches qui provoquent la paralysie quasi-instantanée de la victime.

Effets externes.

Tout le monde connait les orties. Les parties vertes, tiges et feuilles, sont couvertes de poils urticants. Si, par inattention, on vient à effleurer la plante, les poils se brisent et laissent échapper un liquide sur la peau qui entraine instantanément une irritation et l'apparition de boutons. Si on ne gratte pas trop et qu'on n'y fait rien, cela disparait au bout de quelques heures, tout au plus, sans laisser de séquelles.

Il existe, dans la famille de l'ortie, des espèces bien plus redoutables. Certaines espèces d'arbustes du genre Dendrochnide, originaires d'Asie du sud-est et d'Océanie, provoquent des brûlures très douloureuses qui peuvent durer plusieurs semaines.

Mais parfois, les effets ne sont pas immédiats. En effet, dans certains cas, la sève libérée par une plante coupée (lors de travaux de jardinage, par exemple) et répandue sur la peau peut entrainer, au bout de quelques heures ou davantage, des marques, rougeurs ou boursouflures plus ou moins douloureuses. On parle de « phototoxicité » si la réaction ne se déclenche qu'en cas d'exposition à la lumière, et notamment au soleil, de la zone touchée.

Plusieurs plantes de la famille des Ombellifères (Apiaceae) peuvent causer ces réactions, la plus connue étant sans doute la Berce du Caucase (Heracleum mantegazzianum), dont on parle de plus en plus. Cette espèce introduite comme plante d'ornement est aujourd'hui une espèce invasive qui s'est répandue un peu partout en Europe et qui cause régulièrement des accidents chez des personnes qui veulent mettre un peu d'ordre dans une végétation qu'ils jugent sans doute un peu trop exubérante.

On pourrait évoquer aussi un dernier exemple, celui de Rhus toxicodendron ou sumac poison. Il s'agit d'un arbuste rampant présent en Amérique du Nord. La sève peut provoquer des inflammations de la peau (ou des trous !) au bout de quelques heures ou quelques jours, mais de façon très sournoise. La littérature rapporte des cas où des individus ont réagi après avoir manipulé des outils souillés ou avoir caressé des animaux domestiques qui avaient divagué dans les buissons. La sève corroderait même les outils. Vous comprendrez pourquoi on met un panonceau au jardin !

Effets internes.

Quelques noms qui évoqueront peut-être autre chose que de la poésie : Tabac, Jusquiame, Mandragore, Belladone, Datura… Ces plantes appartiennent à la même famille, celle des Solanacées, qui compte parmi ses membres beaucoup d'espèces vénéneuses. Etonnamment, certaines produisent également des fruits comestibles et très répandus : tomates, aubergines, poivrons et piments, physalis…, mais d'une manière générale, il vaut mieux éviter d'avaler le feuillage ! Les pommes de terre également sont de ce clan, mais seuls les tubercules sont consommables s'ils sont cuits et indemnes de parties vertes.

Il n'y a pas de Mandragore ni de Jusquiame au jardin. Elles n'y veulent pas pousser (pour l'instant). En revanche, quelques unes de leurs cousines y sont bien présentes :

  • La belladone porte des fleurs pourpres en forme de clochettes puis des baies noires de la taille d'une cerise. Il est admis que 4 ou 5 baies peuvent entrainer la mort d'un enfant.
  • Les Daturas n'ont rien à lui envier. Les gros fruits secs épineux contiennent de nombreuses graines dont une dizaine pourrait être mortelle pour un être humain.
Hyoscyamine, scopolamine, atropine, solanine ou encore nicotine sont quelques unes des substances que produisent ces plantes et qu'il faut éviter de mettre dans la soupe !

Parmi les plantes indiquées lors de la visite, on pouvait aussi observer la grande ciguë ou ciguë tachetée. Deux espèces de ciguës sont présentes au jardin : celle qui vient d'être citée (Conium maculatum) et la petite ciguë (Aethusa cynapium). Elles sont très toxiques mais appartiennent pourtant à la même famille que les carottes, le persil ou le céleri. Leur nom est souvent associé à la mort de Socrate.

Dans le même secteur, nous pouvions admirer les premières fleurs de Colchiques, qui comme chacun sait, annoncent la fin de l'été. La colchicine contenue dans cette plante entraine, chez celui qui aurait l'imprudence d'en avaler, une gastro-entérite violente, avec les effets qu'on peut imaginer, puis une sueur froide, un affaiblissement du cœur et de la respiration, et après quelques secousses convulsives, le coma et la mort par paralysie.

On pourrait en citer quelques autres encore, sans lien de parenté entre elles, qui sont des plantes assez communes de la campagne ou des jardins :

  • La Bryone est une plante vivace grimpante de la famille des courges et cornichons. Elle produit une grosse racine tubérisée en forme de betterave, parfois surnommée « navet du diable ».
  • La digitale est souvent présente dans les jardins en qualité de plante d'ornement…
  • Les renonculacées constituent une famille bien représentée dans nos régions, y compris dans les jardins. Beaucoup de ces membres sont des plantes vénéneuses, à des degrés divers : renoncules, hellébores, ancolies...
  • Mais le pompon revient sans doute aux aconits, généralement considérés comme les plantes les plus toxiques de la flore indigène (originaire de nos régions). On peut citer ici un extrait tiré d'un livre de médecine (Nouvelle Encyclopédie Pratique de Médecine et d'Hygiène du Docteur Pierre-Louis Rehm- de 1922) qui énonce les symptômes de l'empoisonnement à l'aconitine – symptômes qui ressemblent beaucoup à ceux causés par certaines plantes citées ci-dessus, mais à effets plus rapides :
    … Le début de l'empoisonnement par l'aconit ou par l'aconitine est caractérisé par la sensation spéciale que nous venons de décrire (la saveur peu sensible au début, devient bientôt âcre, picotante,…) et qui agace la langue. Bientôt apparaissent des fourmillements, des picotements, des engourdissements de la langue, des joues, des extrémités, avec des démangeaisons sur tout le corps. Les malades s'imaginent que leur tête enfle. Quand ces symptômes sont ressentis dans tout le corps, le sujet éprouve une grande angoisse, il sent venir la mort, il a froid, il fait des efforts pour respirer, son pouls se ralentit, devient petit et irrégulier, sa température s'abaisse, ses jambes se dérobent sous lui, il ne peut plus marcher. Selon les doses, la mort apparait par asphyxie ou syncope en cinq minutes ou une heure. Signalons aussi des sueurs froides et, mais rarement, des vomissements, de la diarrhée et des coliques. Le phénomène saillant est la conservation de l'intelligence et de la connaissance jusqu'à la fin… 

Pour finir.

Cela mérite quand même quelques commentaires. D'abord, toutes ces substances sont parfaitement connues et maitrisées. A petites doses et sous contrôle du pharmacien, elles constituent souvent des remèdes. Ensuite, nous sommes plusieurs personnes à parcourir régulièrement ce jardin et nous n'avons jamais été agressés. Je veux dire par là que tout passe par l'éducation et la connaissance. Il faut éviter de toucher à ce qu'on ne connait pas et ne pas cueillir inutilement les plantes (ou les champignons) et encore moins les porter à la bouche. Cela commence sans doute par l'éveil des enfants à l'observation et au respect du vivant, mais il n'y a pas d'âge pour s'y mettre.


Récolte de miel 2018 au Jardin Botanique.

Article d'août 2018

Le 4 août, Isabelle et Luc ont invité les membres de l'association à participer à l'extraction du miel. Cette animation s'est faite à la « miellerie » aménagée à la Maison de la Nature et de l'Environnement située dans le Parc Galamé à Loon-Plage. Une activité plaisante et instructive offerte à notre petit groupe de participants, petits et grands.

L'extraction du miel : une opération technique et délicate.

La récolte.

Isabelle et Luc, apiculteurs qui s'occupent de nos ruches associatives depuis déjà deux ans, ont procédé à la récolte du miel. Cette opération s'effectue en plusieurs temps. Les apiculteurs vérifient les ruches 2 jours avant la récolte et posent des « chasse-abeilles », dispositifs qui laissent sortir les abeilles de la hausse et les empêchent d'y rentrer. Ils repassent le lendemain pour prélever les hausses ainsi vidées des abeilles. Les hausses sont des portions de ruches mobiles qui se superposent sur le corps de ruche (élément principal), et dans lesquelles les ouvrières accumulent les réserves de miel. A priori, elles ne contiennent pas de couvain (œufs et larves), mais uniquement du miel.

Dans le modèle de ruche classique, comme celles-ci, les hausses comptent 9 demi-cadres. Au jardin, chacune des 2 ruches a été garnie d'une hausse. C'est donc de ces 2 éléments qu'il s'agissait d'extraire le miel.

L'extraction.

On extrait les demi-cadres, un par un, de la hausse. Normalement, plus des 3/4 des cellules sont operculées, c'est-à-dire qu'elles sont pleines de miel mature et que les abeilles les ont fermées par un bouchon de cire. On commence par désoperculer les cellules en ôtant les bouchons de cire avec une lame ou une « fourchette » spéciale. Cette cire est précieusement collectée. Puis les cadres sont disposés dans une centrifugeuse qui peut en accueillir 9, soit le contenu de la hausse. Chacun peut s'essayer à l'exercice.

Il faut veiller aux conditions liées à l'environnement immédiat : l'hygrométrie du miel est mesurée à l'aide d'un réfractomètre. Elle doit se situer à un taux inférieur à 20 %. La température et l'humidité de l'air ambiant ont aussi leur importance. Il en va de la bonne conservation du produit.

Le miel liquide qui sort de la centrifugeuse est filtré et recueilli dans un récipient. Il devra décanter quelques jours dans le « maturateur » afin que les dernières impuretés remontent à la surface. On le remuera délicatement chaque jour avec une cuillère en forme de « queue de cochon » en prenant soin de ne pas y incorporer d'air.

Quant aux cadres vides, ils sont replacés dans les hausses qui retourneront sur leur ruche d'origine afin d'être nettoyés par les abeilles. On ne les mélange pas pour éviter d'éventuels problèmes sanitaires. Il n'y aura plus de récolte cette année. Les productions que feront les abeilles dorénavant leur serviront de réserves pour passer l'hiver prochain.

Discussion.

Cette animation permet de se rendre compte que l'apiculture est une passion exigeante. Car avant d'arriver au stade de la dégustation de cet aliment savoureux, il a fallu passer de nombreuses heures à surveiller les colonies, veiller au bon état sanitaire, s'assurer de la qualité et la quantité des réserves, contrôler l'essaimage… Les abeilles demandent beaucoup d'attention.

On note au passage que le nombre d'apiculteurs diminue, alors que leur moyenne d'âge est en hausse. De plus, l'élevage des abeilles rencontre beaucoup de problèmes et les colonies souffrent de plus en plus de problèmes sanitaires et environnementaux. Les abeilles bénéficient, d'une manière générale, d'une bonne image dans l'opinion publique et elles symbolisent un peu l'état de l'environnement et de la biodiversité.

On en vient à échanger sur le miel en tant que produit commercial, dont il faut se méfier. Il existe, en effet, beaucoup de miel trafiqué sur le marché. Certains vendeurs de miel se prétendant apiculteurs ne sont, en réalité, que des commerçants. Il faut détenir des centaines de ruches pour pouvoir vivre de cette production… D'une manière générale, il vaut mieux éviter les miels d'origine douteuse ou vague, et les mélanges. Et on peut se demander comment la Chine, dont certaines cultures fruitières nécessitent l'intervention manuelle des hommes pour polliniser les fleurs, faute de pollinisateurs naturels, parvient à exporter tant de miel. En cherchant un peu, on trouve une réponse… et du sucre aromatisé vendu sous le vocable « Miel toutes fleurs » !

En tous cas, le cru Jardin Botanique du Val d'Yser 2018 est garanti 100% fleurs naturelles et il est délicieux !

Merci à Isabelle et Luc pour les soins qu'ils apportent à nos abeilles et pour cette animation partagée.

Hausses avec les cadres pleins de miel.
Hausses avec les cadres pleins de miel.
Découpe de la cire pour désoperculer les cellules.
Découpe de la cire pour désoperculer les cellules.
Mise en place des cadres dans la centrifugeuse.
Mise en place des cadres dans la centrifugeuse.
Résultat de l'extraction.
Résultat de l'extraction.


Festival de l'Arbre : visite du Jardin du 25 novembre.

Article de janvier 2018

Notre participation lors de la semaine du Festival de l'Arbre, édition 2017, a été modeste. Nous avons néanmoins maintenu la visite commentée de notre Jardin le samedi 25 novembre. On pourrait penser qu'il n'y a pas grand-chose à voir dans un jardin à la fin du mois de novembre, mais sur les arbres, il y a toujours beaucoup à dire, et cela en toutes saisons !

Les arbres présents dans notre Jardin associatif ont des origines très diverses. Certains sont indigènes, présents dans notre flore « nationale », d'autres sont exotiques et ont été amenés en Europe par des explorateurs curieux et avides de nouveautés… Ils ont pourtant en commun d'être adaptés à notre climat, ce qui sous-entend que leurs régions d'origines sont situées à des latitudes correspondant à des climats tempérés ou froids. La grande majorité provient des zones tempérées de l'hémisphère nord (de l'Amérique du Nord au Japon, en passant par l'Europe et l'Asie). Mais il y a quelques exceptions, et on peut trouver quelques espèces rapportées de l'hémisphère sud. Il s'agit alors d'arbres poussant en montagne et capables de supporter des températures assez basses. Dès qu'on sort de ces zones, on prend des risques avec la survie des plantes. Nous avons bien évoqué quelques espèces méditerranéennes de plus en plus présentes dans les jardins du nord de la France (oliviers…) qui se sont maintenues à la faveur de quelques hivers doux successifs, mais il suffira d'un hiver un peu plus rigoureux pour remettre de l'ordre (ou de la sélection) dans la végétation. En effet, même si la tendance est au réchauffement, nous ne sommes pas à l'abri d'une chute de température occasionnelle. Un autre chapitre pourrait concerner le mode de reproduction des arbres, comme des autres plantes, d'ailleurs. Nous avons abordé quelques généralités, ainsi que les grandes évolutions et les adaptations que la nature a mises en place, exemples à l'appui, à commencer par le Ginkgo biloba, seule espèce survivante d'une lignée préhistorique disparue et qui, il faut le saluer, ne doit son salut qu'à l'intervention humaine.

Enfin, il est intéressant de rappeler que de nombreuses variétés d'arbres qui se rencontrent dans les jardins et les villes n'existent pas dans la nature ou ne s'y considèrent que comme de monstrueuses anomalies n'ayant pas vocation à se maintenir. Il en est ainsi des arbres à feuilles panachées, dorées ou pourpres, de ceux à branches pleureuses ou tortueuses, etc. Pourtant, les horticulteurs et pépiniéristes sont à l'affut de ces curiosités et font tout pour les multiplier, par greffage ou bouturage, afin de conserver ces caractères auxquels les humains trouvent un intérêt ornemental. La nouvelle région « Hauts de France » a choisi de continuer à soutenir le Festival de l'Arbre. Nous pouvons donc envisager de reconduire notre participation en 2018. Bien sûr, le programme n'est pas établi mais nous pouvons déjà miser sur un samedi après-midi pour une visite dans notre Jardin, dans le monde des arbres… Mais vous pouvez aussi venir en parler à d'autres moments, par exemple, lors de Portes ouvertes…

Les arbres, encore…

Les connaissances scientifiques évoluent toujours et les publications se multiplient. Sur bien des sujets, elles survolent d'abord le grand public, en planant au niveau des spécialistes… C'est le cas aussi, bien sûr, pour ce qui est des arbres. Or, cette année, il semble que le temps soit venu de la vulgarisation.

Cela fait quelques décennies que des expériences sont menées sur la communication entre les végétaux, et en particuliers entre les arbres. Des observations étonnantes ont été relatées, notamment sur le langage chimique utilisé par quelques espèces d'Acacia africains (Acacia caffra…) pour se protéger collectivement contre une trop grande consommation de leurs feuilles par les antilopes. Si vous avez eu la chance de voir le film « Il était une forêt », de Luc Jacquet (2013), vous avez pu apprécier le scénario (autant que les images) reprenant le modèle de recolonisation des forêts équatoriales, tout à fait comparable à celui de nos forêts tempérées, d'ailleurs. Ce documentaire magnifique a rencontré un assez grand succès. Et cette année, avec la sortie du livre de Peter Wohlleben, « La vie secrète des arbres », l'affaire prend une autre tournure. On en parle à la radio, à la télé. Le livre est un best-seller. De nombreux autres ouvrages ont été publiés ces derniers temps, plus ou moins abordables par le grand public…

Parmi les enseignements à tirer de ces lectures et documentaires, en dehors des aspects techniques, il est intéressant de constater que les arbres sont de plus en plus abordés comme des êtres vivants à traiter avec un certain égard, qu'ils communiquent, tentent de s'adapter à leur environnement et se défendre contre les agressions. Et qu'ils souffrent. Des expériences ont montré que des mauvais traitements, notamment des blessures occasionnées par des engins au niveau des racines, ou des élagages sévères ou opérés sans discernement ont généralement pour effet de raccourcir l'espérance de vie des arbres de façon très importante. Bien sûr, les arbres fournissent le bois, dont chacun connaît les multiples usages et dont les humains ne pourraient se passer. Mais une autre relation entre les hommes et les arbres serait-elle envisageable ? Vaste sujet…


Les hiboux du Jardin.

Article de janvier 2016

Depuis plusieurs années déjà, nous avions remarqué la présence de hiboux au Jardin. Appréciant les endroits arborés pour se cacher la journée, ils sont arrivés dès que les arbres étaient suffisamment développés pour les accueillir. Ils ont des mœurs très discrètes et ne se déplacent généralement pour chasser qu'à partir de la tombée de la nuit. Ils sont parfaitement dissimulés dans la végétation pendant le jour. Mais lorsqu'on passe à proximité et qu'ils se sentent dérangés, il arrive qu'ils s'envolent en plein jour, ce qui trahit leur présence avant même que leur cachette n'ait été perçue. Malgré une envergure qui avoisine le mètre, ils ont un vol étonnamment silencieux.

Il s'agit ici de hiboux moyens-ducs (Asio otus). Cet hiver, 3 individus ont élu domicile au Jardin Botanique. Famille ou regroupement hivernal ? On ne sait pas exactement, car on n'a pas pu établir si le jardin a été leur lieu de reproduction. Ces oiseaux se nourrissent essentiellement de petits rongeurs, mais leur menu peut varier selon les régions et éventuellement inclure des reptiles, insectes et petits oiseaux. Précisons qu'il n'y a pas de reptile au Jardin ni aux alentours!

Parmi les espèces de rapaces indigènes, on rencontre au jardin, outre ces rapaces nocturnes, 2 espèces de rapaces diurnes : le faucon crécerelle, qui se nourrit aussi essentiellement de petits rongeurs capturés au sol, et l'épervier qui chasse surtout les oiseaux en plein vol. D'autres espèces ont été aperçues occasionnellement : la chouette chevêche, petit rapace nocturne proche des hiboux, présente dans le bocage environnant, la buse variable et plus rarement le busard Saint-Martin, rapaces diurnes de la famille des aigles.

Le plumage de camouflage des hiboux moyens-ducs les rend difficiles à photographier dans les branchages. La photo ci-dessous a été prise au JB en décembre 2015.

Hibou moyen-duc (Asio otus).
Hibou moyen-duc (Asio otus).


Redécouverte et dégustation de plantes sauvages.

Article de janvier 2016

Pour redécouvrir quelques bases de la cuisine à partir d'herbes locales, une journée de découverte et dégustation de plantes sauvages a été organisée le 30 août 2015 au Jardin Botanique, à Bambecque.

Parmi toutes les plantes sauvages de notre région, certaines ont été recherchées par les Hommes depuis les temps les plus reculés, pour en tirer des remèdes, des poisons ou plus simplement des aliments. La « modernité » nous a un peu éloignés de ces connaissances ancestrales. Bien peu d'entre nous connaissent les vertus et qualités gastronomiques des herbes qui nous entourent.

La région compte plus de 1000 espèces de plantes sauvages indigènes, parmi lesquelles plus de 200 peuvent être consommées. Nos habitudes alimentaires ont depuis longtemps privilégié des plantes cultivées, issues parfois d'améliorations de types sauvages indigènes, mais le plus souvent d'espèces exotiques (pommes-de-terre, tomates, courges, haricots…). Beaucoup de variétés sélectionnées pour la productivité et la culture à grande échelle ont même perdu de leur goût et de leurs qualités nutritives, au profit de leur volume et de leur apparence.

Pour savoir ce que notre jardin associatif renferme comme valeurs parmi la flore indigène, nous avons convié Jean-Claude Bruneel, botaniste, pour animer cette journée de formation. Nous avons commencé par parcourir quelques allées du jardin, à la recherche des espèces les plus intéressantes. Certaines plantes observées sont à écarter d'emblée : bryone, liseron, renoncules, séneçons… qui, à des degrés divers, sont réputées toxiques.

D'autres n'ont aucun intérêt culinaire, même si elles ont, éventuellement, des vertus médicinales, et n'ont pas retenu notre attention ce jour-là.

En revanche, Jean-Claude Bruneel nous a indiqué les meilleures plantes à retenir pour la cuisine et les échantillons à prélever au passage : pissenlits, oseilles, berces, achillées et autres plantains se sont fait remarquer.

Il faut noter que certaines périodes de l'année sont plus propices à la récolte de plantes ou de parties de plantes, les menus étant variables selon les saisons. Généralement, les feuilles se consomment jeunes (berce, consoude, achillée, ortie…).

Le groupe s'est aussi dirigé vers le potager pour prélever quelques fleurs afin d'agrémenter les plats : fleurs de capucine et de bourrache, etc.

Enfin, nous avons rassemblé tous les éléments de la récolte autour de la cuisine installée sous le chapiteau, afin de préparer le déjeuner. Au menu :

  • Entrée : beignets de consoude ;
  • Plat : omelette au Galinsoga, salade de laitue agrémentée de feuilles de pissenlit, de roquette sauvage (Diplotaxis) et de fleurs de capucine et de bourrache (+ assaisonnement) ;
  • Dessert : salade de fruits : prunes du jardin accompagnées de morceaux de pommes et de fruits de carottes sauvages (à croquer) ;
  • Boissons : eau, bière locale, vin bio, et en guise de digestif, vodka à l'acore et vodka à la fleur d'onagre (avec modération !).

Ce repas simple mais néanmoins savoureux a réjoui les 17 convives réunis autour de la table, dans une ambiance très conviviale, malgré une chaleur pesante (temps orageux). Afin de poursuivre notre formation, l'après-midi s'est achevé par la visite d'un autre site remarquable pour la richesse de sa flore : le « vallon de la Petite Becque », à Herzeele, dont nous aurons peut-être l'occasion de reparler.

Nous essayerons de renouveler ce genre d'opération gastronomique et instructive.

A la recherche du repas.
A la recherche du repas.


Evolution du « Village des Insectes »

Le Village des Insectes permet d'offrir des observations et des animations pédagogiques très appréciées. Certains ne se lassent pas de regarder les allées et venues des insectes, notamment dans notre « Entomotel », par les journées ensoleillées du printemps et de l'été. Revenons sur cette installation et son évolution.

« Entomotel 1 » est un hôtel à insectes installé dans notre jardin en hiver 2012. En toute logique, cet « Hôtel à insectes » a été placé dans le village des insectes, en zone hiver, espace particulièrement dédié aux insectes et arthropodes. Il en existe 3 exemplaires dans la région, presque identiques (à quelques détails près). Il se compose de deux parties principales, distinctes par leur destination : l'étage le plus haut, à l'ombre du toit, est censé accueillir les insectes hivernants. Les autres étages, exposés au soleil, abritent différents habitats accessibles aux insectes pour leur reproduction. Ils contiennent des tronçons de végétaux creux (roseaux, pailles, bois…), des briques creuses, du torchis…

Dès les premières semaines après la mise en place des différents habitats, des petites abeilles ont pris possession des tubes. Il s'agissait d'abord d'osmies cornues, puis d'osmies rousses un peu plus tard. Puis d'autres hyménoptères se sont installés, dans les pailles de roseaux, les trous percés dans le bois, un peu dans d'autres tiges creuses. Pour l'instant, les abris minéraux (briques, torchis…) n'ont pas encore reçu de locataires. Les observations relèvent une chronologie (assez logique) dans les arrivées successives d'insectes, notamment des hyménoptères. Au printemps, des abeilles solitaires pollinisatrices (osmies…) viennent pondre dans les logements tubulaires et nourrissent leur progéniture avec une réserve de pollen et de nectar. Durant l'été, on remarque un grand nombre de guêpes solitaires prédatrices, que l'on peut séparer en plusieurs catégories. Certaines pondent dans les pailles et alimentent leurs larves avec des chenilles, d'autres avec des araignées (Pompiles), d'autres encore parasitent les nids des premières, leurs larves s'attaquant aux jeunes abeilles (Chrysis…).

Lors des trois premières années d'observation, ce sont à peu près les mêmes espèces qui ont été mentionnées, et pour la très grande majorité, ce sont des hyménoptères (abeilles et guêpes). Les mouches et autres insectes divers aperçus sur l'Entomotel n'y viennent que pour se poser au soleil. Les abris pour hivernants, tout en haut, sont quasiment inutilisés jusqu'à maintenant, de même que les loges à bourdons situées tout en bas. On ignore pourquoi. Peut-être sont-ils trop chauds ? Ou peut-être y a-t-il suffisamment d'abris naturels dans le parc, plusieurs espèces de bourdons y étant bien présentes et abondantes.

Corrections à prévoir.

La structure principale de l'Entomotel est en bois. Cette année, des fissures sont apparues dans quelques planches, occasionnant des infiltrations d'eau.

D'autre part, la richesse biologique de cette installation attise des convoitises de la part d'autres animaux. Des mulots sont déjà venus « squatter » des boxes dans lesquels était placée de la mousse ou de la paille. Des oiseaux se permettent de tirer les pailles de roseaux pour essayer de déloger des petits insectes ou araignées. Un troglodyte y a été pris en flagrant délit ! Nous allons tenter de corriger tout cela durant l'hiver.

Projets.

Nous avons l'intention de remonter le niveau de sable sur la devanture de l'Entomotel. Ceci permettrait d'ombrager les loges à bourdons de la base, et d'attirer des abeilles ou guêpes solitaires terricoles.

Un nouvel équipement est aussi prévu dans le village des insectes : une « Spirale ». Il s'agit d'une installation stable, faite d'empierrement et de sable, le tout en forme d'escargot horizontal. Nous ne manquerons pas d'en publier des photos lorsque tout sera en place !

Construction de l'Entomotel en février 2012.
Construction de l'Entomotel en février 2012.
Osmies rousses dans les pailles de roseaux.
Osmies rousses dans les pailles de roseaux.
Chrysis ignata, une guêpe parasite.
Chrysis ignata, une guêpe parasite.
Un pompile, prédateur d'araignées.
Un pompile, prédateur d'araignées.


Plantes introduites et Plantes invasives

C'est en traversant la France l'été dernier que le sujet de cet article s'imposa comme une évidence. En scrutant la végétation dans le paysage du Massif Central, mon regard fut attiré par les rives d'un cours d'eau qu'un pont enjambait. En dessous de bosquets de robiniers s'étendaient de larges touffes de renouées du Japon, entre lesquelles étaient répandues de longs bouquets de balsamines de l'Himalaya. Ces plantes se complaisaient là, les pieds au frais, comme si elles y étaient installées depuis des millénaires. Or, leur cohabitation, qui semble parfaite aujourd'hui, aurait été tout à fait improbable il y a quelques siècles, car leurs origines, exotiques par rapport à ce lieu, sont également étrangères entre elles.

Vous avez sans doute déjà entendu parler d'espèces invasives. Les exemples cités ci-dessus en font partie. Il s'agit d'espèces, végétales ou animales, introduites volontairement ou non dans une région qui leur est étrangère et qui s'y installent, s'y développent, envahissent certains milieux, parfois au détriment d'espèces indigènes. Pour ce qui est des animaux, il existe quelques cas très répandus : rat musqué, tortue de Floride, grenouille-taureau provenant d'Amérique ou, plus récemment, la coccinelle et le frelon asiatiques, arrivés de Chine. On pourrait parler aussi des rats, chats, lapins ou chèvres que d'anciens navigateurs ont introduits dans de nombreuses iles du globe et qui ont bouleversé les équilibres naturels locaux. C'est également durant cet été que j'ai découvert ce fameux papillon (Paysandisia archon) arrivé clandestinement d'Amérique du Sud et dont les chenilles s'attaquent aux palmiers de notre côte méditerranéenne.

En ce qui concerne les végétaux, les exemples sont très nombreux également. Pour ne parler que de nos régions, à commencer par les arbres, on pourrait citer le robinier faux-acacia (souvent appelé à tort Acacia), qui vient de l'est de l'Amérique du Nord. Il couvre aujourd'hui de grandes surfaces boisées en France, surtout dans les basses montagnes à sols pauvres et rocailleux. Il y a aussi l'Ailante, qui vient d'Extrême Orient et qui affectionne les sols calcaires. Il envahit les terrains vagues, les bords d'autoroutes ou de voies ferrées et se ressème même en ville. Il est, par exemple, très présent en région parisienne. C'est aussi le cas du Paulownia (Chine), dont les petites graines membraneuses très légères s'insinuent souvent dans les interstices des trottoirs ou des vieilles constructions. On rencontre aussi parfois le cerisier tardif, originaire d'Amérique du Nord. Il est notamment fréquent en Belgique et occasionnellement présent sur les terrils de notre région.

Chez les arbustes, on mentionne souvent l'arbre à papillons (Buddleia davidii), qui vient aussi de Chine. Comme pour le Paulownia, cité plus haut, les graines du Buddleia sont très légères et s'installent facilement entre les briques ou les pierres des vieux murs. On pourrait en citer plein d'autres, énumérer aussi une liste de plantes herbacées, mais cette liste serait longue.

Tous les milieux sont concernés, le littoral, les friches, les champs, les plans d'eau et même la mer. Les naturalistes ont en mémoire la colonisation de certains secteurs de la Méditerranée par la Caulerpa taxifolia, surnommée, dans les années 80, algue tueuse. Comme beaucoup d'autres plantes invasives, elle se serait retrouvée dans la nature accidentellement. Originaire du Pacifique, cette algue était utilisée pour agrémenter les aquariums, dont celui de Monaco (Musée océanographique). Des petits morceaux se seraient échappés en rejetant de l'eau dans la mer, maladresse aux conséquences environnementales imprévisibles mais douloureuses. Heureusement, Caulerpa taxifolia serait actuellement en régression, pour une raison encore inexpliquée, mais il semblerait que d'autres espèces de Caulerpa soient apparues. C'est ce qui s'est passé également avec une autre jolie plante aquatique : la jussie. Cultivée elle aussi pour l'ornement des bassins, la jussie (ou jussiée), une belle américaine, produit des jolies fleurs jaunes en été, mais a la propriété de s'étendre rapidement et de se bouturer très facilement. Plusieurs régions de France et d'Europe ont été confrontées à son infestation dans les plans d'eau et les canaux.

Il y a peut-être une morale à tirer de cette histoire. C'est sans doute la vigilance en ce qui concerne l'introduction d'espèces dans un milieu qui leur est étranger. Il est vrai que les jardiniers-collectionneurs ont souvent envie de tester des nouveautés, j'en sais quelque chose ! Dans la majorité des cas, il faut bichonner les plantes étrangères pour réussir à les installer et les conserver. Mais parfois, elles se débrouillent très vite sans aide et ne demandent qu'à sortir du jardin. C'est là qu'il faut faire preuve d'autorité et les empêcher de se disperser. Pour beaucoup d'entre elles, il est déjà bien trop tard !

Balsamine de l'Himalaya Au Jardin Botanique, comme dans la plupart des jardins, de nombreuses plantes cultivées sont étrangères. Généralement, elles proviennent de régions à climat assez proche du nôtre. Quelques unes sont susceptibles de vagabonder et de s'en échapper. C'est le cas de la Balsamine de l'Himalaya (Impatiens glandulifera, photo ci-contre), de la Berce du Caucase ou de certains Aster… Il est assez facile de les contrôler mais nous sommes attentifs à ce qu'elles ne sortent pas du périmètre du jardin. Nous avons renoncé à l'introduction de plantes exotiques difficiles à contenir (Renouée du Japon…), mais quelques espèces se sont invitées elles-mêmes (Galinsoga parviflora et Galinsoga ciliata…). Les espèces indigènes envahissantes (chardons…) ne sont pas considérées comme invasives, puisqu'elles poussent dans leur milieu d'origine.


Arbres et maladies

Nous avons déjà évoqué, dans des articles parus dans des bulletins précédents, les arbres du jardin. Nous vous proposons donc une suite ayant rapport avec leurs caractéristiques ou leur environnement. Nous traiterons ici des maladies auxquelles ils sont exposés. Le sujet pourrait faire l'objet d'un ouvrage en plusieurs volumes, mais nous ne l'aborderons que succinctement, en prenant uniquement quelques exemples qui nous concernent plus particulièrement.

Les arbres, dans un jardin comme dans le milieu naturel, tout autant que n'importe quel être vivant, sont sujets à la concurrence et aux attaques d'autres organismes. Dans quelques cas extrêmes, ces attaques peuvent conduire à la mort.

Différentes catégories d'organismes, parfois appelés agents pathogènes, peuvent être responsables des maladies. Ce sont généralement des êtres microscopiques (virus, bactéries, champignons…), parfois des animaux parasites (acariens, insectes…). Ne sont pas considérés comme maladies les dégâts occasionnés aux plantes par des animaux herbivores : simples morsures, voire défoliation causées par des limaces, chenilles, rongeurs, lapins, ongulés…

Maladies spécifiques, génériques ou généralistes.

On peut distinguer les maladies spécifiques, génériques ou plus généralistes selon qu'y sont sujettes une seule espèce d'arbre, plusieurs espèces appartenant à un même genre, ou au contraire de nombreuses espèces différentes, sans lien de parenté. Ainsi, par exemple, certains pourridiés (affections provoquées par des champignons qui entrainent la mort des arbres par destruction des racines) sont souvent des maladies généralistes et opportunistes, pouvant s'attaquer à de nombreuses espèces d'arbres et arbustes différentes, alors que la Graphiose de l'orme n'atteint que les ormes.

Parfois, un terme général utilisé dans la langue courante correspond à un ensemble de symptômes (mildiou, oïdium, anthracnose…), mais qui n'est pas forcément dû à une maladie généraliste. De cette façon, l'oïdium du rosier (Sphaerotheca pannosa) n'est pas causé par le même champignon que l'oïdium du chêne (Microsphaera alphitoides = Erysiphe alphitoides), ni même que celui de la vigne (Uncinula necator). L'anthracnose du platane (Apiognomonia veneta) n'est pas due au même agent que l'anthracnose du saule pleureur (Marssonina salicicola).

Quelques maladies des arbres du Jardin.

Des maladies graves sont apparues ces dernières années, introduites parfois par les déplacements des humains et des marchandises, et ont contaminé les arbres de la région. Ceux du jardin peuvent y être exposés.

  • La Graphiose de l'orme (Graphium ulmi= Ophiostoma ulmi) est causée par un champignon microscopique qui se développe dans les vaisseaux, empêchant la circulation normale de la sève et entrainant le dessèchement de branches puis de l'arbre. Les populations d'ormes ont été réduites de façon très importante depuis les années 1970. Au jardin, quelques sujets d'ormes champêtres ont été installés dans la haie périphérique et sont morts depuis. Cette espèce ne survit que grâce à son aptitude à drageonner, c'est-à-dire émettre des rejets à partir des racines. Il reste donc quelques jeunes plants aux environs de la haie sud.
  • L'Anthracnose du platane (Apiognomonia veneta) sévit sur le feuillage et les rameaux du platane. Elle n'est pas mortelle, mais provoque des nécroses sur les feuilles et les rameaux, le dessèchement de bourgeons et jeunes pousses, entrainant un affaiblissement et un ralentissement de la croissance. L'importance des attaques est souvent liée aux conditions météorologiques du printemps. Visible sur les platanes du Jardin.
  • La Chalarose du frêne (Chalara fraxinea) est également due à un champignon microscopique et se caractérise par le dessèchement de rameaux et de branches. Elle n'a fait son apparition en France que très récemment, et n'est connue dans le Nord que depuis 2009. On ne sait pas encore si elle est mortelle pour nos populations de frênes et si elle peut atteindre des espèces proches. Pour l'instant, on constate, sur le frêne commun et ses variétés, de nombreuses branches flétries, qu'il est possible de « nettoyer » quand les arbres sont encore jeunes. De nouvelles pousses vigoureuses apparaissent au printemps suivant.
  • La Verticillose (notamment Verticillium dahliae) est une maladie généraliste qui se remarque par le flétrissement d'une partie des branches dans les arbres dont le catalpa, l'érable plane ou d'autres. Elle s'attaque aussi à des arbustes ou des plantes herbacées. Le champignon en cause pénètre par les racines et s'installe dans les vaisseaux des rameaux et des branches. Les arbres atteints ne meurent pas forcément, et les dégâts peuvent être très irréguliers d'une année à l'autre.
  • Les mildious du collet sont provoqués par des champignons microscopiques du genre Phytophthora qui comprend de nombreuses espèces détestées des jardiniers. D'ailleurs, le mildiou de la pomme de terre et de la tomate appartient au même genre (P. infestans). En ce qui concerne les arbres et arbustes, plusieurs espèces sévissent : Phytophthora cinnamomi, P. ramorum, P. cactorum, P. alni… Mais, heureusement, leur présence n'est pas encore démontrée précisément dans notre jardin. D'autre part, de nombreuses autres espèces de champignons autorisent la confusion et il faut être spécialiste et parfois disposer d'un laboratoire pour pouvoir les déterminer avec précision.
  • Le Feu bactérien des Rosacées (Erwinia amylovora) se déclare par l'attaque d'une bactérie aux niveaux des rameaux et des inflorescences, en pénétrant par des plaies ou des orifices naturels. Les feuilles et jeunes pousses se dessèchent et se recroquevillent, comme si elles avaient été léchées par des flammes, d'où le nom de la maladie. Les symptômes peuvent s'étendre à l'ensemble des branches et occasionner la mort de l'arbre ou de l'arbuste. Mais si on intervient à temps, en supprimant les rameaux atteints et en les brulant, il est relativement facile d'arrêter les dégâts. Une surveillance s'impose donc, notamment sur certaines espèces de Cotoneaster. Cette affection concerne les Rosacées à pépins : Pyrus (poiriers), Malus (pommiers), Sorbus (sorbiers et alisiers), Pyrancantha (buisson-ardent), Crataegus (aubépines), Cotoneaster…
  • Le Feu bactérien des saules (Erwinia salicicola) se remarque également par le dépérissement de branches et parfois de l'arbre entier. Il s'agit aussi d'un fléau pour notre bocage, puisque cette maladie s'attaque notamment aux saules blancs cultivés en « têtards ». Si on intervient assez tôt en supprimant les branches atteintes, les arbres peuvent facilement être sauvés.
  • Des virus mortels sont également observés dans la région. Ainsi, une mort rapide peut être constatée sur certains arbres (Marronniers…) et serait attribuée à un virus dénommé Pseudomonas syringae.
  • Les maladies physiologiques correspondent à un désordre fonctionnel. Les symptômes peuvent se manifester par une coloration anormale du feuillage, le manque de vigueur et de croissance, la stérilité, les malformations de certains organes… Elles sont souvent dues à des conditions de culture inadaptées ou à des conditions météorologiques mal supportées (sol carencé, trop lourd, trop calcaire ou trop acide, trop humide ou trop sec…froid, sécheresse, etc.). Les plantes ainsi affaiblies sont plus facilement sujettes aux attaques de parasites.

Voici donc pour les principales maladies observées ou menaçantes, car présentes dans les environs du jardin. D'une manière générale, et dans notre ambition de collectionner un grand nombre d'espèces différentes d'arbres et arbustes, il convient de rester vigilent et d'intervenir rapidement en cas de besoin. Il faut bien reconnaître que soigner des arbres n'est pas chose facile, car s'il est possible de réduire les risques de propagation des affections qui atteignent les rameaux, feuilles et fruits (au moins quand les végétaux sont jeunes et accessibles), il est quasiment impossible d'agir sur celles qui se contaminent par le sol et attaquent les racines ou le collet. Il ne reste alors qu'à arracher et brûler les plantes pour éliminer au maximum les foyers d'infection.

Feu bactérien sur Cotoneaster salicifolia.
Feu bactérien sur Cotoneaster salicifolia.


2010 : Année de la Biodiversité

Face aux grands bouleversements que traverse notre planète, l'ONU a décidé de faire de l'année 2010 celle dédiée à la biodiversité, ça a également été le thème repris lors de la Porte Ouverte.  

De quoi s'agit-il ?

On pourrait résumer ce concept complexe de la façon suivante : la biodiversité est l'ensemble des organismes qui vivent sur un territoire donné, et par extension, sur la planète, celle-ci étant un territoire défini dans l'espace.

Les biologistes distinguent plusieurs niveaux de biodiversité :

  • la diversité des écosystèmes,
  • la diversité des espèces,
  • la diversité des gènes.

L'espèce est généralement considérée comme l'unité de base. Une espèce, c'est un ensemble d'individus ayant des caractéristiques morphologiques, anatomiques et génétiques communes et se reproduisant spontanément entre eux pour donner naissance à d'autres individus semblables. Une espèce peut être représentée par plusieurs sous-espèces, races ou variétés, différenciées par l'aspect ou l'isolement géographique.

On ignore combien il existe d'espèces sur la terre. Les estimations actuelles proposent le chiffre d'environ 2 millions pour celles qui sont identifiées et répertoriées (animaux, végétaux, champignons et micro-organismes divers), dont plus des trois quarts sont des arthropodes (insectes, arachnides, crustacés…). Il en reste probablement encore bien plus à découvrir, notamment dans les forêts équatoriales et les océans… à moins qu'elles ne disparaissent avant !

Les écosystèmes sont des milieux naturels ou artificiels dans lesquels cohabitent différentes espèces qui dépendent souvent les unes des autres. Ils sont dépendants du climat et du sol, eux-mêmes conditionnant la végétation qui est à la base de la chaine alimentaire. On a souvent tendance à juger la richesse d'un écosystème par le nombre d'espèces qui y vivent.

Chaque individu issu de la reproduction sexuée de deux parents possède un code génétique qui lui est propre. La diversité génétique est d'autant plus importante que les individus sont nombreux et répandus sur un vaste territoire. Elle permet l'adaptation à des conditions particulières et limite les risques de consanguinité. Le brassage génétique est nécessaire pour assurer la survie d'une espèce et impose que les populations aient la possibilité de prospérer sur des étendues suffisamment importantes ou de se déplacer (de forêts en forêts, de mares en mares…). La diversité génétique, c'est aussi le résultat de siècles de sélection par l'homme de variétés végétales ou de races animales adaptées à des conditions de cultures ou d'élevages particulières. L'humanité possède aujourd'hui un héritage considérable de milliers de variétés et races régionales.

Et au jardin ?

Comme tous les jardins, le nôtre est un milieu artificiel où « notre intervention » oblige à se côtoyer des plantes d'origine très diverses qui ne se seraient jamais rencontrées sans nous ! Ici, la collection d'un grand nombre d'espèces et de variétés de plantes est un choix volontaire. En revanche, on a tendance à vouloir limiter celles qui ne nous conviennent pas.

Dans le cas du jardin de Bambecque, nous avons choisi d'adopter un mode de gestion plutôt doux, laissant une large place aux plantes spontanées, d'autant qu'avec elles s'installe tout un cortège d'animaux variés. Plusieurs milieux y sont présents : mare, sous-bois, haie bocagère, prairie… Aucun animal n'a été introduit volontairement au jardin hormis les abeilles et peut-être quelques escargots.

L'introduction de plantes et d'animaux étrangers dans les jardins présente des risques qu'il ne faut pas occulter. Certaines espèces peuvent s'y trouver très à l'aise et s'évader dans la nature, envahissant des milieux aux dépens des espèces indigènes. Pour n'en citer que quelques exemples, nous pouvons mentionner la jussie qui envahit les plans d'eau ou la renouée du Japon pour les plantes, la tortue de Floride et la coccinelle asiatique, chez les animaux.

La diversité végétale est sans doute intéressante pour le jardinier, surtout s'il est d'un tempérament collectionneur. Elle s'accompagne avantageusement d'une diversité animale et microbiologique. Mais si l'on dispose d'un peu de place, il est possible de jardiner tout en laissant un faible impact sur la biodiversité naturelle et même en en tirant parti.


2009 : Evolution du jardin depuis sa création

Les observations effectuées au jardin depuis les débuts des aménagements et des plantations ont permis de recenser chaque année de nouvelles espèces. La diversité végétale, encouragée par le type de gestion mis en œuvre ainsi que par l'introduction de nouvelles plantes, a permis à la faune de s'installer et se diversifier également. Mais l'évolution n'est pas régulière, notamment chez les animaux.

Evolution de la végétation.

Si on considère qu'en matière de jardin, nous sommes partis de rien, le sol recelait néanmoins un stock de semences, et les végétaux et animaux présents dans l'environnement immédiat pouvaient potentiellement coloniser la parcelle rapidement.

Lors de l'année précédant le démarrage du jardin, le terrain était occupé par un champ de blé. Après la moisson, le champ a été déchaumé, c'est-à-dire travaillé à l'aide d'un outil à dents brisant superficiellement la surface du sol. Puis il est resté en l'état durant l'hiver.

La première année, ce sont surtout des repousses de céréales qui sont apparues. Elles étaient accompagnées d'un cortège de plantes annuelles messicoles ou parfois liées aux cultures sarclées. C'est une première étape d'un processus de colonisation du terrain par les végétaux. Mêlées à cet ensemble majoritaire, quelques ébauches de vivaces pionnières (épilobes, chardons, graminées…) et des semis d'arbres discrets.

La deuxième année, une partie du terrain a été labourée et ensemencée de ray-grass. Sur cette partie, ce sont encore des annuelles qui sont apparues avec le ray-grass. Les vivaces ont déjà largement colonisé la surface non labourée et les annuelles sont devenues rares, tout en ayant refait un stock de graines prêtes à ressurgir au moindre mouvement de sol. Des jeunes saules dépassent et les ronces deviennent apparentes.

Au fil des années suivantes, l'ensemble de la parcelle a été envahi par les graminées vivaces. Les plus importantes en surface couverte sont les chiendents (Agropyrum repens) et surtout la houque laineuse (Holcus lanatus) qui est présente presque partout. Cette espèce a fait régresser le ray-grass et occupe toutes les zones sans intervention mécanique (binage ou bêchage). Les stations de chardons et d'épilobes sont importantes également. Le fauchage et l'arrachage a permis de limiter l'installation des saules, le fauchage et le désherbage chimique contrôlent l'expansion des ronces.

Sans intervention ni entretien depuis l'acquisition du terrain, la parcelle serait occupée aujourd'hui par une jeune forêt essentiellement composée de saules (de 4 à 5 m de haut) et tapissée globalement de ronces, comme le démontrent les zones témoins. Dans les secteurs les plus éclairés se maintiendraient des épilobes et des orties dioïques. L'ombrage ferait reculer peu à peu les graminées et chardons.

La forêt est le stade abouti de la végétation dans cette région (comme dans la plupart des régions tempérées, hors littoral et haute montagne). Les essences s'installent en fonction du climat et des caractéristiques physico-chimiques du sol. En revanche, l'étape de colonisation par les saules n'est peut-être que transitoire. Ceux-ci sont des espèces pionnières amenées par le vent, à croissance rapide et à durée de vie limitée, préparant la place à des espèces plus lentes à s'installer mais à durée de vie plus importante et amenées par le vent (frêne…) ou les oiseaux (aubépine, chêne pédonculé…).

Cette évolution naturelle et prévisible dans son processus est régulièrement contrariée par les jardiniers qui fauchent, binent, bêchent… et installent des végétaux étrangers à ce programme. C'est un jardin naturel contrarié !

Evolution de la faune.

En ce qui concerne la faune, deux constats ont été établis. Le premier relève l'apparition d'espèces variées et de plus en plus nombreuses. Dès les premières années, des arthropodes très intéressants ont été observés : criquets, araignées et surtout papillons (Sphinx…). Après remise en état de la mare, en 2004, de nombreux animaux aquatiques sont apparus. 2008 marque une stagnation pour les espèces terrestres et sans doute une régression pour les espèces aquatiques, car la végétation de la mare a été ravagée.

Le second constat a trait aux « grandes invasions ». Car l'apparition des espèces n'est pas régulière et nous ne parvenons pas toujours à expliquer les flux d'individus au sein de ces espèces. Il y a sans doute à rechercher la notion d'équilibre.

Ainsi, dès 2000 et 2001, les hivers doux et humides ont sans doute privilégié les invasions de limaces et de tipules qui ont causé quelques dégâts dans les plantes vivaces fraichement installées. En 2004 et 2005, les épeires fasciées (Argiope brunichii) étaient surabondantes et ont sans doute légèrement limité les tipules au stade volant ainsi que les criquets. Argiope et criquets ne causent pas de préjudices au jardin, au contraire. En 2006, deux nichées de faisans ont vu le jour au jardin. La vingtaine de faisandeaux ont marqué leur passage. On leur attribue, au moins en partie, la quasi disparition des Argiope et sans doute l'élimination d'une grande partie des limaces et tipules. Il semble qu'un équilibre soit atteint pour ces deux dernières catégories d'invertébrés, car elles n'ont plus d'effet visible sur la végétation.

Les rongeurs ont aussi été particulièrement nombreux. Certains hivers, les zones engazonnées ressemblaient à du gruyère et quelques arbustes ont été détruits par des campagnols. Actuellement, leur présence est plus discrète. Les chats de voisinage effectuent sans doute des prélèvements ponctuels et on note également la présence de rapaces. D'autres prédateurs interviennent probablement mais n'ont pas été décelés avec certitude (mustélidés).

En 2006 et 2007, des crapauds, d'ordinaire nocturnes et très discrets, venaient se noyer en plein jour. Après observation de ces animaux au comportement suicidaire, il s'avérait qu'ils étaient parasités par une mouche (Lucilia bufonivora) dont les larves leur dévoraient la tête.

En septembre 2007, les aulnes glutineux ont subi une attaque impressionnante de tenthrèdes, petites guêpes dont les «chenilles» mangent les feuilles. Les larves étaient si nombreuses qu'on pouvait les entendre ronger le feuillage. Les arbres ont été défoliés en quelques semaines. Ils ont repoussé normalement au printemps suivant. Le phénomène ne s'est pas reproduit en 2008.

En 2008, ce sont les rats musqués qui ont causé de gros dégâts dans la mare. La destruction d'une grande partie de la végétation (massettes, rubaniers, nymphéas…) aura sans doute des conséquences sur la microfaune aquatique, mais on ne pourra l'évaluer que l'année prochaine. Nous avons dû recourir au piégeage pour limiter ces rongeurs. A ce jour, 6 rats musqués ont été pris, mais les nuisances ont continué. En 2008 aussi, il faut noter la naissance de plusieurs lièvres. Deux adultes avaient été observés durant l'hiver et le printemps. Les déprédations ne sont pas importantes. Nous avons constaté la mort d'au moins 3 jeunes durant la saison (maladie ?).

Voilà quelques exemples parmi les plus marquants de l'évolution de la faune et de la flore du jardin. On peut supposer qu'à l'inverse certaines espèces apparaissent et disparaissent avec une grande discrétion. Sans compter les modifications qui se produisent chez les organismes microscopiques ou, tout au moins, indécelables à l'œil humain.

D'autres observations se feront dans les années à venir. Peut-être que le temps et d'autres analyses permettront de comprendre et d'expliquer ces phénomènes naturels.